Avec le texte de Vilém Flusser « Le lit » du livre « Choses et non-choses »
La performance se concentre autour du texte “Le Lit“ de Vilém Flusser et de la fabrication en direct de “Tagliatelles fraîches à l’arrabiata“. Également influencée par le livre de Flusser “Les gestes“, la mise en scène met en parallèle le lit du couple et la mise en oeuvre de la recette de ces tagliatelles. La fabrication est un mouvement, un geste.
Du pétrissage de la pâte, au laminage, en passant par l’épluchage de l’ail, ou la cuisson des pâtes et de la sauce, l’élaboration de cette recette s’articule autour des 9 chapitres de “Das Bett“ écrit par Flusser, de la naissance à la mort en passant par le sommeil, la lecture, l’insomnie et la maladie. Un lit où l’on ferait sa cuisine, en famille.
Avec 800 grammes de farine, le couple, peut-être les Macbeth, affairé dans leur cuisine et constamment dérangé par des voisins bruyants, semble attendre des convives pour manger…
To Bed, home made
Une performance de Anne Ferret et Philippe Vincent
Avec le texte “Das Bett“ de Vilém Flusser, traduit de l’allemand par Jean Mouchard
Un chapitre du livre : “CHOSES ET NON-CHOSES“, Esquisses phénoménologiques, Éditions Jacqueline Chambon – 1996 / ISBN : 2-87711-144-X
Avec les voix de : Claire Truche, Rémi Rauzier, Gilles Chabrier, Muriel Coadou, Alwynne Pritchard, Thorolf Thuestad, Jörg et Toni Ritzenhoff.
Remerciements : Benjamin Lebreton, Mayalen Otondo, Yohan Tivoli, Les Subsistances, Ramdam – un centre d’Art.
Conception et interprétation : Anne Ferret, Philippe Vincent
Administratrice de production : Lila Boudiaf
Production & diffusion : Lise Eneau-Brun // + 33 (0)6 41 30 49 32 // contact@scenestheatrecinema.com
Production : Scènes-théâtre-cinéma © 2018
La compagnie Scènes est en convention avec la Drac Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, et subventionnée par la Ville de Lyon.
Ce spectacle a été joué pour la première fois en novembre 2018 au Lavoir Public – Lyon
« To Bed, home made »
« Je suis un lecteur de Vilém Flusser depuis plusieurs années, même si ce philosophe n’est pas très connu en France, plusieurs livres sont parus depuis 1973. Citons notamment : La force du quotidien, Hurtubise – 1973, Choses et non-choses, Jacqueline Chambon – 1996, Pour une philosophie de la photographie, Circé – 1996, Les Gestes, D’Arts, 1999, Petite Philosophie du design, Circé – 2002.
Je suis tombé, il y a quelques temps, par hasard sur ce texte “Le lit” édité dans Choses et non-choses. Il est vraiment très rare qu’un texte à la première lecture donne l’envie de le porter à la scène. J’ai dans la foulée fait lire le texte à l’actrice, Anne Ferret. Ce fût pour elle la même réaction immédiate.
Nous avions dans l’idée, Anne et moi, depuis de nombreuses années de faire un duo théâtral. Ce texte nous a donné l’impulsion pour lancer ce chantier. »
« To bed, to bed : there’s knocking at the gate.
Come, come, come, come, give me your hand.
What’s done cannot be undone.
To bed, to bed, to bed. »
Macbeth, acte V, scène I – William Shakespeare
Le lit, un espace politique.
« Das Bett : Le lit parle du repli sur soi. De l’endroit où nous nous retirons pour se préparer à affronter à nouveau le monde. C’est un lieu intime et nécessaire, comme le sommeil est nécessaire, pour que le cerveau emmagasine, trie, efface, tous ce que nous avons appris durant la journée. Le repos n’est pas inactivité, le repos est transfert, d’une partie de cerveau à d’autres parties du cerveau. Comme un ordinateur qui stocke dans sa mémoire vive et quand on fait le “save“, recopie sur le disque dur, ces informations. Ce sommeil nous permet de conditionner l’expérience journalière du monde en mémoire, en souvenir, donc en histoire.
De la fécondation à la mort, le lit est cet endroit où nous nous retrouvons, pour vivre la deuxième vie, pour comprendre et enrichir la première. C’est un endroit sans retenue, sans faux-semblants, où le paraître n’a plus court. On n’est pas absolument dupe de nous-mêmes.
Spatialement, le sens du mot lit s’élargit ou se rétrécit. Il peut s’élargir jusqu’à (ce que les allemands appellent Heimat) ma patrie, ma maison, mon chez-moi, l’endroit où l’on me comprend. Ils se rétrécit jusqu’à la plus petite partie de mon être, mon cerveau, mes neurones, ma conscience.
Si le lit est l’endroit où l’on se couche, où l’on s’endort, où l’on rêve, c’est aussi l’endroit d’où on se réveille, d’où on se lève, d’où on recommence.
Le lit se politise, il se socialise. On comprendra que par les temps qui courent, ce lit, cette chambre, cette maison, a un prix. Cet espace se loue, s’achète. Pour certains, il s’est tellement rétrécit qu’il est devenu la voiture, pour d’autres il a carrément disparu.
Le lit n’est pas un slogan macroniste, pour l’accession à la propriété des plus démunis, mais de montrer la nécessité d’être à un endroit, pour user de notre système de valeur intime, que nous tissons nuit après nuit. C’est une base nécessaire, le minimum vital à notre survie, mentale et physique. »
Propos Philippe Vincent
Du 6 au 9 novembre 2018 au Lavoir Public – Lyon
Du 14 au 16 mai 2019 au Théâtre de verre à Paris 19e
Du 12 au 14 février 2020 au Chok Théâtre à Saint-Etienne
(Diffusion 2021 en cours)